Les députés français déclarent que La Lettonie figurait parmi les premiers à avertir sur la menace constituée par la Russie. Peu après le discours du Président français Emmanuel Macron à Bratislava, dans lequel il a souligné le rôle important de l’Europe centrale et orientale dans la situation sécuritaire actuelle en Europe, des députés de la chambre basse du Parlement français se sont rendus en Lettonie. Dans une interview, ils évoquent la manière dont ils souhaitent développer la coopération entre la France et la Lettonie et réaffirment le soutien du Parlement et du Gouvernement à l’Ukraine, alors même que l’inflation et la hausse du prix des factures inquiètent de plus en plus la société française.
Quatre députés de l’Assemblée nationale française, membres du groupe d’amitié parlementaire France-Lettonie, ont participé à la réunion. Le président du groupe d’amitié est Joël Giraud, du parti Renaissance (fondé en 2016 par Emmanuel Macron sous le nom d’En Marche !), qui est actuellement la première force polique à l’Assemblée nationale. Le groupe d’amitié a un spectre polique plus large : outre un second député de Renaissance, Eric Girardin, il comprend également Marc Le Fur du parti Les Républicains et Michel Guiniot, du parti d’opposion Rassemblement national.
Les députés perçoivent des possibilités de coopération dans les domaines de la science et de l’éducation.
« Nous voulions faire partie de ce groupe, notamment en raison de la situation géopolitique actuelle en Lettonie », a déclaré Joël Giraud, président du groupe, soulignant que la Lettonie est voisine de la Russie et de la Biélorussie. « L’Europe doit être unie. Il n’y a pas de grands pays et de petits pays, il y a l’Europe en tant que telle, fondée sur des valeurs ».
Les députés de l’Assemblée nationale française espèrent également développer la coopération sur un certain nombre d’aspects pratiques. Lors de leur rencontre, ils ont discuté avec les parlementaires lettons des possibilités de coopération avec le Centre national de recherche spatiale français et l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), ainsi que de la recherche scienfique dans le domaine du cancer.
M. Giraud a également déclaré qu’il avait été impressionné par la manière dont la sylviculture et l’industrie du bois étaient gérées en Lettonie. Un nouveau complexe universitaire est en cours de construction en France, où les étudiants pourront étudier la filière bois et l’architecture, et une coopération a déjà été établie avec l’université lettone d’agriculture de Jelgava.
« Nous travaillerons de manière pragmatique sur des sujets qui intéressent les deux parties, en créant de la valeur ajoutée », promet M. Giraud. Les Français ont-ils commencé à regarder l’Europe de l’Est différemment ?
« La Lettonie et les autres pays baltes ont été parmi les premiers à avertir l’Europe de la menace que représentait la Russie », poursuit M. Giraud. Il souligne que lorsqu’il a rencontré des membres du Parlement letton, il a vu les drapeaux de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN à côté du drapeau letton, ce qui montre l’importance que les Lettons attachent à la sécurité nationale et, par extension, à la sécurité européenne.
Ses propos s’inscrivent dans la lignée du récent discours du Président français Emmanuel Macron lors du forum GLOBSEC à Bratislava, où il a admis que les pays occidentaux n’avaient pas suffisamment écouté les averssements des pays d’Europe centrale et orientale.
« Dans son discours à Braslava, le Président a clairement indiqué que les grands pays devaient prendre plus au sérieux la situation en matière de sécurité. Les eurodéputés ici présents représentent différents partis poliques mais tous s’intéressent à la fois à la sécurité européenne et à la souveraineté nationale « , a déclaré M. Giraud.
Le Président Macron a annoncé plus tôt cette année un plan visant à augmenter le budget de la défense de la France de 100 milliards d’euros au cours des sept prochaines années, le portant à un total de 413 milliards d’euros sur cette période. « Nous devons penser une guerre à l’avance », a déclaré le Président Macron, idenfiant la modernisation des forces armées françaises et le renforcement du renseignement militaire comme l’une de ses principales priorités.
L’aide militaire à l’Ukraine : une question controversée au sein de la société française
M. Giraud reconnaît que la quetison de l’aide militaire à l’Ukraine est très controversée au sein de la société française. Les enquêtes d’opinion montrent qu’il s’agit effectivement d’un sujet controversé : selon des données recueillies à la fin du mois de mars, 44 % des Français pensent que la France devrait cesser son aide à l’Ukraine et lever les sanctions contre la Russie afin de lutter contre l’inflation en Europe (bien qu’une majorité globale soit favorable à la poursuite de l’aide militaire à l’Ukraine). Les sondages montrent que l’opinion publique française est généralement très préoccupée par la situation économique – l’inflation, les prix de l’énergie et, bien sûr, la réforme des retraites, qui a été précédée de vastes manifestations. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, l’inflation moyenne mensuelle en France a été légèrement inférieure à 6 %. M. Giraud assure que les décisions sur des questions telles que l’aide militaire à l’Ukraine ne sont pas prises sous le coup de l’émotion.
« Rassurez-vous, même s’il y a des gens qui s’opposent au soutien à l’Ukraine, cela ne changera pas le soutien du Parlement et du Gouvernement à l’Ukraine jusqu’à ce que l’Ukraine soit victorieuse », déclare M. Giraud. « Il s’agit d’une question morale. » Il admet qu’en France, il faut penser aux questions économiques mais plaisante : « La France est un pays de gens heureux qui pensent toujours qu’ils sont malheureux. »
« J’ai confiance en ma société. Je pense qu’elle sera très calme sur cette question dans les années à venir », déclare M. Giraud.
Pour comparer les pays qui apportent le plus de soutien militaire à l’Ukraine, les données les plus couramment utilisées par l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale sont le montant de l’aide militaire annoncée publiquement par les pays à l’Ukraine. Ces chiffres font paraître l’aide militaire bilatérale de la France à l’Ukraine relavement modeste, mais, comme le soulignent les députés, le soutien de la France à l’Ukraine est largement canalisé par l’UE, à la fois en tant que deuxième économie de l’UE (la France contribue de manière plus importante au budget global de l’UE) et par le biais de mécanismes extrabudgétaires tels que la Facilité européenne de soutien à la paix.