La ministre en charge de la Ruralité, Dominique Faure, a ouvert vendredi 26 mai une session du parlement rural, à Savines-le-Lac. Les manifestants se sont fait moins entendre que lors de la visite présidentielle. De leurs côtés, les élus étaient bien décidés à faire part de leurs doléances.
Ce n’était pas une réception en grande pompe comme Savines-le-Lac l’a connu le 30 mars, avec la visite présidentielle d’Emmanuel Macron. Moins de gendarmes et de manifestants vendredi 26 mai pour la visite de Dominique Faure. La ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité est venue dans les Hautes-Alpes ouvrir la première session territoriale du parlement rural français, au pôle Le XXe.
Même salle qu’Emmanuel Macron, mais pas de grands discours. Plutôt des tables rondes avec “l’idée que la ministre reparte avec des propositions” , dixit les organisateurs. Et, contrairement à la visite présidentielle, la presse était conviée à assister aux échanges entre les élus et Dominique Faure.
« Vous n’attendez pas des discours mais les moyens de pouvoir faire. »
Et c’est plutôt bien parti. Victor Bérenguel, le maire de Savines-le-Lac, a rappelé les mots « que le Président a tenus ici même » sur le « sacrifice de ces hommes et femmes qui ont tout perdu il y a 62 ans » avec la création du lac de Serre-Ponçon. Pas de quoi émouvoir Nathalie Rousset, conseillère départementale de Haute-Loire et surtout membre du Comité national de l’eau : « Monsieur le maire, quand vous dites que le président vous a remercié, je peux vous dire que dans les faits, il ne fait rien pour vous. » Et de préciser le fond de sa pensée à l’adresse des élus dans l’assistance : « Vous n’attendez pas des discours mais les moyens de pouvoir faire. » Chaleureux applaudissements dans la salle.
« Ce gouvernement est à l’écoute, contrairement à ce que certains pensent »
Même table ronde sur l’eau, autre interlocuteur. Au tour du sénateur des Hautes-Alpes Jean-Michel Arnaud de se faire le porte-parole des élus locaux. « Il faut remettre à l’ordre du jour la question de la taxe Gemapi. Actuellement l’amont paye pour l’aval », estime le parlementaire. « Alors là, bravo », entend-on dans le public.
« On peut ne pas être d’accord mais il faut garder le sourire et respecter l’autre, recadre la ministre. Ce gouvernement est à l’écoute, contrairement à ce que certains pensent. » Elle ajoute souscrire « totalement » aux propos du sénateur sur l’équité face à la taxe Gemapi.
Faisant fi du protocole républicain, Jean-Marie Bernard, le président du Département des Hautes-Alpes, prend la parole après la ministre pour se lancer sur le sujet tant attendu : la compétence eau. « Si le sujet est discuté depuis si longtemps, c’est qu’il y a un problème à régler, il faut laisser aux communes la liberté de rester maître de cette compétence », estime l’élu. Applaudissements fournis dans la salle, agacement de la ministre.
« On devrait mettre toute notre énergie à lutter contre les fuites des réseaux d’eau »
Le Comité national de l’eau est une instance que consulte le gouvernement pour mener sa politique de l’eau. Nathalie Rousset était présente à Savines-le-Lac en tant que membre de ce comité. Mais elle a aussi fait parler son expérience de conseillère départementale en Haute-Loire, et plus précisément dans le Mézenc : « Nous avons de grands barrages et on se rend compte qu’il y a plus de restrictions pour les personnes en amont qu’en aval. La loi nous dit juste de laisser couler l’eau et de maintenir une bonne qualité. » L’élue estime que la pression repose trop sur les zones rurales de l’amont. Pour elle, il faut « remettre en cause les gros consommateurs, les zones urbaines » plus que « la pauvre petite fontaine au milieu du village ».
« On attend toujours la ligne budgétaire »
Reste que Nathalie Rousset estime qu’il y a des choses à faire aussi à la campagne : « On devrait mettre toute notre énergie à lutter contre les fuites des réseaux, c’est simple à mettre en œuvre. » De quoi faire écho à ce que le président de la République a justement annoncé lors de sa visite dans les Hautes-Alpes ? « On attend toujours la ligne budgétaire », cingle l’élue. Et sur la compétence eau, qui fait tant parler ? « J’ai vu des gestions remarquables dans de petits villages, dont le maire est bien souvent une femme d’ailleurs. Je pense qu’il faut donner la compétence à des gens motivés et capables de la faire. »