L’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites le mardi 6 juin. De quoi changer la donne ? Pascale Boyer, députée de la 1re circonscription des Hautes-Alpes, concède « qu’une partie de la population conteste toujours la réforme malgré son adoption » et reconnaît que les syndicats « sont dans leur rôle » en poursuivant le combat contre la réforme. Son homologue de la 2e circonscription, Joël Giraud, y va d’une analyse moins politique : « Les choses ne sont jamais vraiment terminées en France : on est un pays de râleurs invétérés. » Pour les deux parlementaires, la réforme des retraites était nécessaire pour « sauver le système par répartition ». Et Joël Giraud d’ajouter : « Il n’y avait qu’un seul sujet en fait dans cette réforme, les régimes spéciaux avec un problème d’égalité entre les salariés. »
« Cette loi n’a aucune chance de passer au Sénat par la suite »
La date du 6 juin n’a pas été choisie au hasard par l’Intersyndicale. La proposition de loi du groupe Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) visant à faire table rase de la réforme des retraitesvotée par les parlementaires, sera examinée le 8 juin à l’Assemblée nationale. « Une opération de communication du groupe Liot qui vient remettre sur la table un sujet clivant qui s’atténuait dans l’opinion publique. Voter en une journée ce qui s’apparente à une contre-réforme paraît plus que compliqué », selon Pascale Boyer.
« Cette proposition aurait dû relever de l’article 40, une telle loi aggraverait forcément la charge publique. On parle quand même de 18 milliards [d’euros, NDLR] ! », cingle le député de la 2e circonscription L’article 40 de la Constitution fait référence aux propositions et amendements formulés par les membres du Parlement. Celles-ci “ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique”.
« De toute façon, cette loi n’a aucune chance de passer au Sénat par la suite. Le groupe Liot, Charles De Courson en tête, cherche simplement à exister », conclut Joël Giraud.