Beaucoup de voix s’élèvent aujourd’hui sur le ton de « il faut en finir avec les municipales » pour réclamer la tenue du 2ème tour de ces élections le 28 juin.
Comme si un exercice essentiel de démocratie pouvait s’assortir du terme « il faut en finir ». Les arguments avancés sont sanitaires, « on envoie bien les enfants à l’école, pourquoi pas les électeurs aux urnes ».
Sauf qu’il ne s’agit pas ici d’une dérogation sanitaire mais d’un exercice démocratique. Et un risque démocratique est toujours plus grave qu’un risque sanitaire. Le président de l’Assemblée nationale, Richard FERRAND, l’a clairement exprimé ce matin : « La démocratie ce n’est pas uniquement le vote. Ce sont des campagnes qui permettent des débats ».
Et le garant de l’équité de ces débats est le juge administratif.
Et c’est bien là que le bât blesse, il existe des risques contentieux majeurs à la tenue du 2ème tour en juin.
D’abord la possibilité même de tenir des débats quand l’accès aux salles de réunion est limité pour des raisons sanitaires voire même impossible dans les communes qui ont installé des classes dédoublées pour respecter les règles barrières dans les salles de réunion, les salles polyvalentes.
Ensuite car des dépenses parfois très électoralistes ont eu lieu pendant la période de crise. Faut-il compter dans les comptes de campagne d’un maire candidat l’achat et la distribution de masques à la population ?
Également car la base même du déconfinement est le travail du couple maire/préfet, ce qui rend impossible la période de réserve à laquelle sont soumis les fonctionnaires de l’Etat.
Je n’étais déjà pas partisan de la tenue du 1er tour de ces municipales le lendemain de l’annonce du confinement de la population… mais les ténors des grands partis d’opposition ont crié au « déni de démocratie ».
Dans ma région, victime des contagions liées aux clusters mulhousiens, de nombreuses têtes de liste n’ont même pas pu faire campagne car ils étaient en quarantaine.
Alors, par pitié, n’exposons pas ce 2ème tour à encore plus de contentieux.
Et si l’on veut maintenir un 2ème tour, réservons-le, comme le suggère intelligemment le sénateur Alain RICHARD, aux communes de moins de 1000 habitants où des conseillers ont été élus au 1er tour mais où le Conseil n’est pas complet.
La démocratie s’en trouvera confortée.
Lu sur d’Ici : https://www.dici.fr/actu/2020/05/20/hautes-alpes-pitie-deuxieme-tour-municiplales-juin-joel-giraud-depute-giraud-1399041
Lu sur le Dauphiné Libéré :