Un groupe de parlementaires français exhorte le Gouvernement à porter un appui politique au leader en exil de l’opposition démocratique, Sam Rainsy, qui s’apprête, malgré les menaces qui pèsent sur lui, à rentrer dans son pays pour enrayer la dérive autoritaire qui affecte le Cambodge depuis deux ans.
Le 16 novembre prochain coïncidera avec le deuxième
anniversaire de la dissolution Parti du salut national du Cambodge,
actée par une décision de la Cour suprême de ce pays qui, de fait, a
remis en cause le processus démocratique engagé depuis la conclusion des
accords de Paris en 1991. Ainsi, 118 membres de ce parti ont été
interdits d’exercer des fonctions politiques et, lors des soi-disantes
élections de juillet 2018, l’opposition démocratique au régime du
Premier ministre Hun Sen a été empêchée de se présenter.
Le Cambodge est un des 48 pays les plus pauvres du monde qui bénéficient de l’initiative «Tout sauf les armes» de l’Union européenne qui accorde une exemption complète de taxes et droits de douane pour l’accès au marché unique européen pour tous les produits, à l’exception des armes et des munitions.
La Commission européenne s’apprête, le 11 novembre prochain, à publier un rapport sur les six mois de suivi que les autorités européennes ont mené sur place aux cotés des autorités cambodgiennes. Ce rapport devrait ouvrir la voie au retrait du mécanisme de préférences commerciales dont jouit le pays, en raison des violations répétées des droits des travailleurs, de l’accaparement des terres et de la répression politique opérés par le gouvernement de M. Hun Sen, au pouvoir depuis 34 ans.
Il s’agit donc d’un défi politique majeur pour l’Europe et pour la France, car c’est leur capacité même de faire respecter, par leurs partenaires commerciaux, les valeurs universelles des droits humains et de l’État de droit qui est en jeu. Rappelons que la France est, avec l’Indonésie, la garante des accords de Paris de 1991 qui devait conduire le Cambodge vers la transition démocratique après la chute du sanglant régime des Khmers rouges.
C’est également un enjeu de développement économique majeur pour le Cambodge, dont le taux de croissance (entre 6 à 7% annuels ces dernières années) est significativement porté par l’existence de ce régime commercial préférentiel.
Dans ce contexte, de nombreux dirigeants de l’opposition démocratique en exil ont fait le choix depuis cet été de retourner au Cambodge, en dépit des menaces d’arrestations dont ils font l’objet. Parmi eux, leur principal leader, M. Sam Rainsy, président du Parti du salut national du Cambodge, qui dispose de la double nationalité française et cambodgienne, a décidé de retourner dans les jours à venir au Cambodge malgré les menaces qui pèsent sur sa personne.
Son objectif est de tenter de rétablir des conditions démocratiques attendues par le peuple cambodgien et qui permettraient éventuellement à son pays d’échapper aux sanctions européennes envisagées.
Ce sont les raisons pour lesquelles, nous, parlementaires français, pleinement solidaires des décisions prises par l’Union européenne :
– déclarons notre plein et actif soutien avec la démarche non-violente engagée par M. Sam Rainsy;
– demandons à la France et aux pays membres de l’Union européenne de veiller, dans ce contexte délicat, à garantir sa pleine sécurité et d’apporter un appui politique à la démarche engagée par les dirigeants du Parti du salut national du Cambodge.
Premiers cosignataires : André Gattolin, sénateur des Hauts-de-Seine, Éric Alauzet, député du Doubs, Michel Amiel, sénateur des Bouches-du-Rhône, Michel Canevet, sénateur du Finistère, Bernard Cazeau, sénateur de la Dordogne, Bernard Fournier, sénateur de la Loire, Joël Giraud, député des Hautes-Alpes, Fabien Gouttefarde, député de l’Eure, Claude Haut, sénateur du Vaucluse, Jacques Maire, député des Hauts-de-Seine, Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, Frédéric Marchand, sénateur du Nord, Colette Mélot, sénatrice de Seine-et-Marne, François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or, Didier Rambaud, sénateur de l’Isère, Laurianne Rossi, députée des Hauts-de-Seine, Martine Wonner, députée du Bas-Rhin
Lien de l’article : https://blogs.mediapart.fr/gattolin-andre/blog/061119/appel-des-parlementaires-pour-un-cambodge-libre-et-democratique