Tribune du Monde le 1er février : Alors que les tarifs des péages augmentent le 1er février, Fabien Matras, député LRM du Var, et plus de cent députés, dont Joël GIRAUD expliquent que les sociétés d’autoroutes pourraient arguer de préjudices financiers pour refuser la gratuité des péages pour les véhicules de pompiers, de SAMU ou de police.
Citoyens, professionnels, sénateurs, députés, ministres, sommes tous reconnaissants à nos forces de sécurité et de secours. Nous avons tous, à un moment de notre vie, ressenti et exprimé cette reconnaissance et cette gratitude à l’égard de celles et ceux qui sauvent nos vies et assurent notre sécurité au péril de la leur. Aujourd’hui comme hier, pas un, pas une, pour défendre l’acquittement des péages autoroutiers pour les véhicules d’intérêt général prioritaires en intervention. Quoi de plus naturel ?
Faire payer les taxes de péages autoroutiers aux véhicules de secours en intervention revient à fixer pour principe général la monétisation de la vie humaine. Fort de ce constat et à l’occasion de cette nouvelle mandature, le législateur a souhaité mettre fin à cette situation et a voté en novembre 2017, dans un large consensus, la gratuité des péages pour les véhicules d’urgence prioritaires en intervention.
Depuis, un Parlement et un gouvernement unanimes s’appliquent à construire le nouveau cadre légal. Or, aujourd’hui, il s’avère que pour appliquer la loi, l’Etat pourrait être tenu d’indemniser les sociétés d’autoroutes pour des questions de manque à gagner. Celles-ci pourraient arguer de préjudices financiers afin de ne pouvoir répondre aux conditions de mise en application du décret visant la gratuité des péages pour ces véhicules de pompiers, de SAMU, de police ou de gendarmerie. Et ce au regard de « difficultés contractuelles ».
Faire preuve d’exemplarité
Contrats, compensations financières, contraintes de rentabilité, dividendes, chiffre d’affaires… Autant d’impératifs et d’arguments qui s’entendent afin d’ancrer des politiques répondant au principe de réalité, mais qui doivent s’effacer devant l’urgence d’un appel à l’aide. Si le respect des contrats est un principe essentiel, nous devons néanmoins collectivement faire preuve d’exemplarité citoyenne. Particulièrement à l’heure où le peuple de France s’engage et participe à l’effort national de redressement et de transformation.
Les Françaises et les Français attendent que les sociétés d’autoroutes soient à la hauteur d’un modèle éthique et d’un développement économique renouvelé. Il n’est pas question ici d’altruisme ou de philanthropie, mais simplement d’humanité. Le rôle et la place des entreprises dans l’espace public évoluent : leur vocation sociétale est désormais considérée comme une valeur ajoutée au profit de la communauté nationale. Notre modèle de sécurité intérieure et civile n’a pas d’égal dans le monde, il est donc juste d’affirmer qu’il n’a pas de prix. En ce sens, ces sociétés doivent reconnaître le même caractère et le même traitement de gratuité des péages aux interventions des véhicules d’intérêt général prioritaires, que leurs opérations se déroulent sur le réseau des sociétés ou qu’ils soient empruntés pour porter secours partout ailleurs.
La détresse ne connaît pas les péages. La vie n’a pas de prix. Quel que soit le lieu de l’intervention, nous devons collectivement concourir aux opérations de secours.