Minute de silence mercredi à l’Assemblée nationale. Photo AFP/ Bertrand GUAY
Extrait du Dauphiné Libéré du 13 décembre 2018 :
Un (petit) moment de concorde nationale
Depuis trois semaines, l’atmosphère était électrique sur les bancs de l’Assemblée. Les huées et les sifflets rythmaient les séances de questions au gouvernement ou les débats organisés sur les Gilets jaunes. Hier, le silence était très lourd lors de la minute de silence observée en hommage aux victimes de l’attaque de Strasbourg.
Les élus alsaciens éprouvés
Lourd et émouvant à l’image de la voix étranglée de Bruno Studer, le député alsacien de la République en marche, évoquant le tueur du marché de Noël « Un Strasbourgeois né à Stras bourg, un Alsacien né en Alsace, un Français né en France » qui a commis l’inimaginable.
L o u r d e t g r a v e q u a n d Jean-Luc Mélenchon, habitué aux joutes politiques avec le gouvernement, se range du côté de la concorde. « Cette circonstance nous fait devoir à tous. Il ne faut pas qu’il y ait de récupération politicienne de ce moment »
La classe politique a su faire taire, le temps d’une séance de questions, ses différences. Mais cela reprendra vite, car la polémique fait aussi partie de la démocratie.
« La meilleure façon, certes pas la seule, de lutter collectivement est de continuer à pratiquer le débat, la démocratie et la fraternité », a indiqué Édouard Philippe, le Premier Ministre.
Castaner en première ligne
Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, et Laurent Nu nez, son secrétaire d’État sont, depuis mardi soir, en première ligne à la suite des attaques de Strasbourg. Christophe Castaner s’est rendu très vite sur place, tandis que Laurent Nunez suivait la situation en cellule de crise à Paris. Les deux hommes ont répondu conjointement aux questions des députés mercredi à l’Assemblée et ce sont eux qui ont procédé aux principales annonces, notamment sur les forces en place pour la recherche du suspect. Depuis octobre, ils ont dû gérer toutes les manifestations des gilets
jaunes et ont essuyé des critiques suite aux débordements.
Compassion et polémique
La polémique n’a d’ailleurs pas attendu les propos du c h e f d u g o u v e r n e m e n t . Laurent Wauquiez, le président du parti Les Républicains a mis presque 24 heures à réagir aux propositions d’Emmanuel Macron pour résoudre la crise des Gilets jaunes, mais il a été l’un des premiers responsables politiques à s’exprimer sur son compte twitter après l’attaque de Strasbourg. Ses mots, sans ambiguïté, ciblent la responsabilité du gouvernement en place :« Combien d’attentats com mis par des fichés S devons nous encore subir avant d’adapter notre droit à la lutte contre le terrorisme ? Qu’attendons nous pour enfin livrer bataille pour éradiquer l’intégrisme qui nous a déclaré la guerre ? ».
La politique sur twitter
Marine Le Pen, présidente du rassemblement national (ex FN), a fait de la lutte contre le terrorisme l’une de ses priorités. Sur son compte twitter, elle a été plus mesurée, demandant « un changement radical ». Des propos exprimés sur les réseaux sociaux qui tranchent avec la concorde nationale observée hier par les députés et résumée par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur : « Un moment de rassemblement national, qui ne veut pas nier nos différences, mais qui sait la force d’un but commun : combattre, sans relâche, le terrorisme ».
Nathalie MAURET
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